samedi 30 juin 2007

Wayne Shorter au Festival de jazz de Montréal

Wayne Shorter

Photo©2007 Jean François

Concert

J'ai assisté hier au spectacle du Wayne Shorter Quartet au Festival international de Jazz de Montréal. Composé de Danilo Perez, piano, John Patitucci, contrebasse et Brian Blades, batterie, le leader avait aussi invité le quintette à vent Imani Winds, quatre femmes et un homme (flûte traversière, hautbois, clarinette, basson, cor) à se joindre à eux.

Attentes élevées

Disons-le d'emblée, la légende de Wayne Shorter est si puissante que les attentes sont évidemment très élevées. Et bien que la prestation du quartette m'ait procuré des instants de pur bonheur, je n'ai pas ressenti cette même émotion lors de la prestation collective du groupe avec le quintette Imani Winds. La compétence n'est pas ici en cause, les deux groupes étant au-dessus de toutes critiques à cet égard. Toutefois, la communion des deux groupes entrainait un certain académisme qui avait pour effet de repousser le groove auquel je m'attends d'un spectacle de jazz. C'était tout de même une magnifique expérience.

Une force tranquille

Je suis d'ailleurs ravi d'avoir eu la chance de voir le groupe en spectacle. Pour Wayne Shorter, bien entendu, mais aussi pour ses musiciens, tous d'un très haut niveau. Danilo Perez, pour sa folie contagieuse, John Patitucci, pour son énergie sans borne et Brian Blades, net et tranchant, un batteur comme je les aime. On remarque que les musiciens évoluent autour de Shorter, qui dirige son groupe très subtilement, telle une force tranquille. Et bien que, par moment, chacun semble rouler sur des chemins parallèles, quand leurs routes fusionnent, c'est le nirvana. Après tant d'années, Wayne Shorter réussit encore à évoluer.

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vendredi 29 juin 2007

Joni Mitchell chez vous bientôt

Bloc-feuillet 4 timbres

Le JF est de retour et heureux de vous retrouver en pleine forme! Merci à tous ceux qui ont laissé des commentaires pendant mon absence. Mon compteur de visites m'indique aussi que vous avez été nombreux à visiter Jazz Frisson, même pendant cette période d'inactivité. Merci de votre fidélité!

Alors que le Festival de Jazz de Montréal débute et que vous aurez droit bientôt à des comptes rendus de spectacles sur les pages de Jazz Frisson, je vous offre un petit concours amical, une idée lancée par un collègue blogueur de Paris, le Ptilou, dans ce billet.

En effet, Postes Canada vient d'émettre aujourd'hui un jeu de timbres en hommage à quatre grandes vedettes canadiennes de la chanson, incluant Joni Mitchell, dont les albums jazz ont fait le bonheur de milliers de fans.

Découvrez le titre des chansons mystère et répondez correctement aux questions et vous pourriez vous mériter l'un des 3 jeux de 4 timbres présentés sur un bloc-feuillet en forme de CD!

  1. Trouvez le titre de la chanson mystère #1 et le nom de l'album?
  2. Trouvez le titre de la chanson mystère #2 et le nom de l'album?
  3. Trouvez le titre de la chanson mystère #3 et le nom de l'album?
  4. Quel est le nom de Joni Mitchell à sa naissance et dans quelle province du Canada est-elle née?
  5. Nommez 3 musiciens de jazz qui ont accompagné Joni Mitchell au moins une fois dans sa carrière (sur scène ou sur un album)?
  6. Sur quel album a-t-elle enregistré avec un orchestre de 70 musiciens?
  7. Avec quelle légende de la contrebasse a-t-elle collaboré pour un album qui porte le nom de ce contrebassiste?
  8. Qu'est-ce que Joni Mitchell considère comme son hobby?

Note : Le concours se termine le 4 juillet prochain. En cas d'égalité, la date et l'heure du courriel seront déterminantes. Les gagnants devront fournir une adresse postale pour l'envoi du bloc-feuillet. La décision du juge (Mister Frisson) est finale et sans appel, qu'on se le dise…

Envoyez vos réponses à mon adresse eMail située sous ma photo dans l'encadré de droite.

Bonne chance à tous!


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mercredi 13 juin 2007

Jacky Terrasson au Domaine Forget le 2 août

Jacky Terrasson

Photo©2003 Lucille Reyboz

Critique CD

Mirror, le nouvel album solo de du pianiste Jacky Terrasson, disponible en France depuis peu sera mis en vente en Amérique cet été. Après son album Smile, paru en 2002 et qui avait reçu le Victoire du Jazz, Meilleur Album Jazz de l'année au Midem à Cannes, le pianiste s'attaque à l'art ingrat du piano solo. Enregistré en studio, contrairement aux albums de Keith Jarrett par exemple, Terrasson se retrouve donc face à lui-même, d'où le titre de l'album.

Je n'arrêtais pas de retarder l'échéance, car je ne me sentais pas prêt, confie Jacky Terrasson, basé à New York. Se retrouver seul en studio est la chose la plus difficile du monde. Dans une pièce, sans public, il n'y a que soi-même, le piano et des micros. Il faut tout faire, fournir l'ambiance, le tempo, la couleur. On ne peut s'empêcher d'être conscient de ça. Mais dès que je me suis senti prêt, j'ai foncé.

Jacky Terrasson, Mirror

Miroir, Miroir...

L'album débute de belle façon avec le morceau Caravan d'Ellington, ce thème archi connu autour duquel Terrasson prend plaisir à virevolter gracieusement. La pièce You've Got A Friend de Carole King est une magnifique ballade que vous écouterez à répétition. Le pianiste y va également de ses propres compositions. Parmi les plus réussies : Tragic Mulatto Blues et la pièce titre Mirror, celle-ci reflétant l'excitation et le stress causé par l'enregistrement d'un disque solo, selon le pianiste.

Date à retenir

En concert avec Michel Portal, le 2 août 2007 au Domaine Forget près de Québec

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mardi 12 juin 2007

Howard Johnson and Gravity!!!

Howard Johnson

Critique CD

À la suite du billet de Mister Z sur le joueur de tuba Ray Draper, je me devais de relancer le débat avec Howard Johnson. En effet, les solistes de tuba sont rares en dehors des musiciens classiques et des fanfares de style Nouvelle-Orléans. Je croyais donc intéressant de vous présenter ici ce musicien, qui, en plus du tuba, joue aussi de la trompette et de divers instruments à anche. Johnson s'est établi à New York en 1963 et a travaillé avec Charles Mingus (1964-1966), Hank Crawford, et Archie Shepp. En 1966 il amorça une collaboration avec Gil Evans qui se poursuivit pendant 20 ans.

28 ans pour endisquer

Gravity est le groupe formé par Johnson en mars 1968 pour explorer les possibilités du tuba. Incluant cinq joueurs de tuba et une section rythmique qui comprenait Georges Cables au piano, le groupe jouait dans les clubs de jazz branchés de N.Y. et se produisit au Fillmore East en 1969. Toutefois, les maisons de disques n'étaient pas prêtes à endosser un tel concept, trop novateur pour l'époque. Ce n'est que 28 ans plus tard que le disque fut enfin enregistré à New York et distribué sur Verve!

Howard Johnson, Gravity!!!

Voici le son du tuba!

À certains auditeurs qui disent au musicien  « Ça ne sonne pas comme du tuba », Johnson répond « Voici le son du tuba! Je ne suis pas responsable de ce que vous avez entendu avant moi… » J'ai choisi pour vous la magnifique pièce Stolen Moments d'Oliver Nelson, certes un de mes morceaux préférés du répertoire jazz. Sur ce morceau, Johnson utilise un tuba F, dont la tonalité plus élévée que le modèle standard lui permet de négocier les passages traditionnellement associés à Freddie Hubbard sur l'album de 1961, Blues And The Abstract Truth.

Musiciens

  • Howard Johnson (tuba)
  • Dave Bargeron (tuba)
  • Bob Stewart (tuba)
  • Earl McIntyre (tuba)
  • Joe Daley (tuba)
  • Carl Kleinsteuber (tuba)
  • Marcus Rojas (tuba)
  • Tom Malone (tuba)
  • Nedra Johnson (tuba)
  • George Wadenius (guitare)
  • James Williams (piano)
  • Paul Shaffer (claviers)
  • Raymond Chew (piano)
  • Melissa Slocum (basse électrique)
  • Bob Cranshaw (contrebasse)
  • Kenny Washington (batterie)
  • Kenwood Dennard (batterie)
  • Victor See Yuen (percussions)

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vendredi 8 juin 2007

Jazz Chroniques et coups de cœur

Jazz Chroniques et coups de coeur

Coup de coeur pour Jazz Chroniques

Coup de cœur pour un nouveau blogue de jazz que j'ai découvert récemment via l'ami Ptilou, que vous connaissez déjà grâce à cette entrevue. Allez donc faire un tour du côté de Jazz Chroniques et coups de cœur de l'ami Z. Celui-ci nous fait part des concerts à venir en France, des nouveautés jazz avec des extraits audio et vidéo et surtout de ses coups de cœur en nous faisant découvrir plusieurs versions inusitées de standards d'autrefois. Si vous aimez le bon vieux jazz, du temps des vinyles…


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mercredi 6 juin 2007

Tord Gustavsen au Festival de jazz de Montréal le 2 juillet

Tord Gustavsen Trio

Critique CD

Le pianiste norvégien Tord Gustavsen vient de lancer son nouvel album Being There sur ECM. Il s'agit de sa troisième parution avec son trio chez ECM, suite à Changing Places en 2003 et The Ground en 2005. Il a également enregistré avec Silje Nergaard, dont je vous ai déjà parlé dans ce billet. J'ai d'ailleurs eu l'occasion d'entendre Gustavsen en spectacle au Club Soda avec la chanteuse norvégienne en 2002 au Festival de jazz de Montréal et j'ai pu constater la qualité de son jeu. Voici d'ailleurs quelques commentaires éclairés au sujet des dernières parutions du Tord Gustavsen Trio:

Tord Gustavsen Trio, Being There

Au sujet de l'album Being There (2007)

"Débarrassées de tout superflu, ses phrases courtes et ramassées vont à l'essentiel. Un grand disque tranquille." (Jazzman - CHOC)

"Les mélodies se dessinent, limpides, sur un horizon harmonique dégagé utilisant seulement les notes incontournables et le tempo qui s'accorde avec la respiration. Son trio joue de façon très organique, dans une complémentarité absolue, marquée par la subtilité du geste. Dans sa retenue, c'est presque une métaphysique de la vérité du propos musical, où la beauté est plus dans la source intérieure que dans la forme. Une introspection sonore." (Francisco Cruz, Vibrations)


Tord Gustavsen Trio, The Ground

Au sujet de l'album The Ground (2005)

"L'art consommé du 'less is more'." (Jazzman - CHOC)

"Encore mieux que le premier disque du Tord Gustavsen Trio 'Changing Places' dont on retrouve tous les bons ingrédients : la splendide ligne mélodique, le romantisme, le lyrisme et l'incroyable douceur du toucher du pianiste Tord Gustavsen, mais avec une sonorité encore plus belle, plus aérienne, plus caressante. ... Une musique à méditer sans réserve !" (Piano Bleu -- pianobleu.com)

"Avec 'The Ground', Tord Gustavsen et son trio poursuivent un travail sur la transparence, les volumes, la suggestion. Leurs ballades s'étirent avec délectation dans la lenteur, faisant vibrer les émotions les plus intimes." (indiepoprock.net)

Tord Gustavsen Trio, Changing Places

Au sujet de l'album Changing Places (2003)

"Plus calme, tu meurs! ... son propre art du trio tout en profondeur et en sensibilité. Portées par la rythmique à la fois puissante et légère de Jarle Vespestad, et d'Harald Johnsen, contrebassiste élégamment basique, les mélodies atmosphériques de Gustavsen enchanteront l'auditeur qui apprécie les vertus méditatives et tranquillisantes du jazz nordique." (La Liberté)

"Ce pianiste norvégien a un toucher, une sensibilité, qui le place du côté des grands romantiques" (Vibrations)

"Une heure de sensualité pure. En compagnie du contrebassiste Harald Johnsen et du batteur Jarle Vespestad, le pianiste et compositeur (et quel mélodiste !) Tord Gustavsen frappe un coup de maître. Une sensibilité à fleur d'ivoire, un toucher d'une indicible douceur… Et pas une once de mièvrerie. Un sens du rythme, aussi puissant que subtil. Un groove intense, mais à mi-voix, un chant ample, mais lèvres closes…" (Jazzman - CHOC)

La date à retenir

Le Tord Gustavsen Trio sera au Festival international de jazz de Montréal le 2 juillet au Gesù dans le cadre de la Présence ECM. Pour savourer les effluves nordiques pendant une soirée.

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vendredi 1 juin 2007

Les Musiciens de jazz et leurs trois vœux

Baronne Panonica de Koenigswarte

Critique Livre

Tous les grands musiciens de jazz ont côtoyé la Baronne Nica (1913 – 1988) née Pannonica de Koenigswarter à Londres dans la branche anglaise de la famille Rothschild. Elle fut la dédicataire d'une vingtaine de thèmes célèbres dont le Pannonica de Monk, le Nica's dream d'Horace Silver et le Thelonica de Tommy Flaganan, notamment. On sait que Charlie Parker, malade et refusant de se faire hospitaliser, fut recueilli et mourut brusquement chez elle et que Thelonious Monk passa les neuf dernières années de sa vie dans ce Cathouse, sa maison aux cent vingt-deux chats.

Si on t'accordait trois voeux...

Or, entre 1961 et 1966, elle recueillit les réponses à une seule et unique question posée à des centaines de musiciens : « Si on t'accordait trois vœux qui devaient se réaliser sur-le-champ, que souhaiterais-tu ? »

Les réponses sont emblématiques de la condition des artistes de l'époque. Ils sont souvent fauchés :

  • Philly Joe Jones : «Du fric, du fric, du fric !»
  • Charlie Mingus : «Je n'ai aucun voeu à faire, enfin ça ne me gênerait pas d'avoir assez d'argent pour régler mes factures.»
  • Dizzy Gillespie : «Ne pas être obligé de jouer pour de l'argent.»
  • Max Roach : «Gagner un peu d'argent.»
  • Sonny Rollins : «Avoir de l'argent !»
  • Archie Shepp : «Être libéré de la pauvreté.»
  • Duke Ellington: «Mes voeux sont très simples... je veux tout ce qu'il y a de mieux! »

Le racisme laisse encore sa trace :

  • Miles Davis : «Être blanc.»
  • Clifford Jordan répond sensiblement la même chose à Nica, sur un autre mode : «Je voudrais être toi, en train de me poser cette question.»

Et certains musiciens ont des préoccupations plus terre-à-terre :

  • Ben Webster : «Là tout de suite, je voudrais composer une ou deux mélodies. »
  • John Coltrane : «Avoir une fraîcheur inépuisable dans ma musique [...] et trois fois ma puissance sexuelle d'aujourd'hui.»
  • Art Simmons : «1. Sexe. 2. Musique. Il y a quoi d'autre ?»
  • Dexter Gordon : «Ce que je voudrais, tu ne pourrais pas le mettre dans ton livre.»
  • Kenny Clarke : «Brigitte Bardot.»
Les Musiciens de jazz et leurs trois voeux

La Baronne a ainsi posé la question à 300 musiciens et capté ces artistes dans l'intimité de sa maison du New Jersey près de Manhattan à l'aide d'un simple appareil polaroid. Le résultat est une tranche de vie de l'histoire du jazz préservée dans le temps, comme un instantané. Un monument! Pannonica de Koenigswarter est morte en 1988, quelques jours avant son 75e anniversaire.

Et vous, quels seraient vos trois voeux?

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Propos recueillis et photographies par Pannonica de Koenigswarter

Editions Buchet Chastel 2006

Ouvrage réalisé par Frédéric Pajak


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