Projet né d'une idée du pianiste Roberto Cipelli, dans une brasserie de Liège, sorte de sanctuaire dédié à Léo Ferré avec images et textes qui placardaient les murs, à la suite d'une discussion avec le restaurateur qui était un ami proche de Ferré. Découverte qui engendra le désir d'approfondir l'œuvre et stupéfaction de voir que les mots et la musique se livraient tout naturellement au jazz. L'idée a progressé au fil du temps, il y a eu des concerts ici et là, en Italie, en France, en Belgique. Le projet est devenu progressivement une sorte de projet collectif. Cipelli s'est entouré d'un super groupe : Attilio Zanchi, contrebasse, Philippe Garcia à la batterie, Paolo Fresu, véritable poète de la trompette, et pour donner une voix aux mots de Ferré, le chanteur Gianmaria Testa, intimement proche de monde de Léo. Le résultat sur scène est probant. Les musiciens ont beaucoup de plaisir. C'est l'occasion de mettre en musique de la magnifique poésie. Le poème "Le Blues du blues", de Cesare Pavese, qui est presque une chanson, déclamé par Gianmaria Testa, sublime de rythme. ''Lontano, Lontano'', une très belle chanson. La pièce "Free poétique", un morceau free instrumental qui nous rappelle que la poésie est liberté. Testa nous chanta ''Les Poètes'' sur un rythme de rumba et, dans un registre différent, ''Les Forains'', ''Monsieur William'' et ''Avec le temps'' qui clôt le spectacle. Tous les musiciens sont de très haut niveau. Mention spéciale à Paolo Fresu, que je revoyais pour la deuxième fois à Montréal. Un musicien d'une exceptionnelle suavité, très inventif, totalement en possession de son art. Grande musique pour grande poésie… Mise à jour: Le spectacle sera diffusé sur les ondes de la radio d'Espace-Musique le 14 juillet prochain à 20h.Hommage à Leo Ferré
Jazz Video - Hommage Léo Ferré de Sortiesjazznights.com
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lundi 30 juin 2008
Festival de Jazz de Montréal – Jour 3
dimanche 29 juin 2008
Festival de jazz de Montréal – Jour 2
Hier soir, Mister Frisson s'est fait plaisir! Al Green en spectacle, c'est que du bonbon! Bien sûr, le Révérend joue à fond la carte de la nostalgie, avec tous ses grands succès de Let's Stay Together à I'm Still in Love with You. Et une chanson de son dernier album, Lay It Down, question de faire un peu de promo. Un groupe de musiciens réglés au quart de tour, des back-up vocals très class, deux danseurs très funky qui nous rappellent les beaux jours des boys bands des années soixante, tout concourt à faire revivre ce passé insouciant. Dès la première chanson, le public était debout, tapait des mains, alors que le Révérend distribuait les roses rouges aux dames… qui en redemandaient, bien entendu! Énergique, cabotin, hautement charismatique, Al Green est une bête de scène. Il sait mesurer ses effets et jouer avec le public, car il aime véritablement son public. Ne cherchez pas ici d'analyse sur le jeu des musiciens. Al Green, c'est un concentré de bonheur, point. J'en suis ressorti avec le sourire fendu jusqu'aux oreilles…
La chanteuse Lizz Wright assurait la première partie du spectacle d'Al Green. Normal, Wright étant elle-même fille de pasteur, elle était habituée de chanter à l'église avant les sermons de son père. Dotée d'une voix grave et puissante, qu'elle ne force toutefois jamais, elle sait faire preuve de beaucoup d'émotion. J'ai particulièrement apprécié la chanson Hey Mann, qu'elle amorce a capella, et qui fut très touchante. Wright est de ce type de chanteuse qui sait aller à l'essentiel… On la sent dotée d'une belle spiritualité. Elle était accompagnée d'un groupe de musiciens exceptionnels, particulièrement le guitariste. Malheureusement, les noms en anglais sont déclamés au travers des applaudissements et ne figurent pas au programme du Festival. Un très beau moment passé en compagnie de cette chanteuse.Le Révérend Al Green
Lizz Wright en première partie
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samedi 28 juin 2008
Festival de Jazz de Montréal – Jour 1
La 29ième édition du Festival International de Jazz de Montréal se déroule cette année sous l'oeil bienveillant d'Oscar Peterson. Pour ma part, j'ai décidé de commencer mon festival à contre courant en n'allant pas voir Return to Forever… ! Je lirai dans le journal si j'ai manqué le concert du siècle… J'ai plutôt choisi des musiciennes canadiennes qui exploraient un héritage scandinave.
J'ai donc assisté vendredi soir au spectacle des sœurs Ingrid et Christine Jensen, toutes deux originaires de Vancouver. Christine, saxophoniste, est établie à Montréal, Ingrid, trompettiste, à New York. Elles étaient accompagnées de la pianiste suédoise Maggi Olin, de Jon Wikan à la batterie et Mattias Welin à la contrebasse. Le quintette s'affiche sous le nom de Nordic Connect. Évidemment, le nom coule de source puisque tout ce beau monde a des origines scandinaves (qu'elles soient danoises, norvégiennes ou suédoises). Et la musique le reflète, étant par moment introspective et éthérée. Un peu à la Tord Gustavson, mais augmenté par les cuivres. Le groupe ne manque pas de swing et ces cuivres s'agitent dans certaines pièces comme Ballad North, une composition de Christine Jensen, écrite à la suite d'une randonnée en montagne à Banff en Alberta. Il y bien eu quelques flottements, surtout au début du concert. Quelques morceaux s'étiraient un peu trop à mon goût. Il faut dire que le jeu de la pianiste était plutôt bancal. La deuxième moitié du concert était mieux tassée.
Tous les morceaux sont des compositions originales, un des points forts du groupe. L'autre point fort est sans contredit la trompettiste Ingrid Jensen elle-même. Dotée d'une forte technique, capable de puissance autant que de subtilité, il faut la voir, pieds nus sur scène, manipuler la machine à effet avec ses orteils pour s'échantillonner elle-même… Elle sait créer de l'atmosphère! Ceux qui l'ont entendu dans le dernier album de Maria Schneider savent de quoi je veux parler. C'est une magnifique musicienne. Dommage que les autres musiciens ne soient pas à la hauteur. À noter la pièce Sweet Dreams, une composition de Maggi Olin, qui fut jouée par le groupe en l'honneur d'Esbjörn Svensson du groupe E.S.T., décédé d'un accident de plongée près de Stockholm récemment.
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lundi 23 juin 2008
Ma Première Galette
Ma première galette de jazz, voilà le thème retenu par le Z-Band aujourd'hui (voir la liste plus bas). Mon premier album de jazz fut Music Makers d'Helen Merrill, acheté peu après sa sortie en 1986. Sans me souvenir des circonstances exactes, je crois bien qu'il s'agit d'un pur hasard. Je n'écoutais que du rock à l'époque, j'avais une collection de vinyles et je venais de décider d'acquérir une platine CD. Il est fort probable que le revendeur m'a fait écouter ce disque à ce moment. Pur hasard, vraiment… Donc je n'ai jamais été illuminé par la spiritualité du jeu de Coltrane dans ma jeunesse ou encore foudroyé par la verve de Miles qui m'auraient fait découvrir cette musique qu'est le jazz, comme bien d'autres vous le raconteront… Ceux qui me connaissent comprendront maintenant ma fascination pour les chanteuses de jazz!
Mais on peut dire que j'ai été chanceux. Non seulement Helen Merrill possède un timbre absolument magnifique, mais de plus, (je n'en prenais pas conscience à l'époque) son timing est absolument parfait. Accompagnée sur ce disque du pianiste Gordon Beck et de Steve Lacy au saxophone soprano sur la première moitié du disque puis de Stephane Grapelli au violon sur la seconde moitié de l'album. Il y a pire, franchement, comme premiere galette… La plupart des morceaux sont des standards à l'exception de Music Makers de Merrill et de And Still She Is With Me de Beck.
Pour le néophyte que j'étais, cet album a constitué une excellente introduction au jazz avec de magnifiques interprétations de Round About Midnight, When Lights Are Low et un Sometimes I Feel Like Motherless Child qui m'arrachait les larmes à tout coup. Et c'est sans doute ce qui m'a amené au jazz… l'émotion. Après le rock qui me donnait en général un trip d'adrénaline, je découvrais une musique qui venait me toucher dans l'âme. J'en voulais encore!
Helen Merrill a un sens de l'interprétation toujours très juste, une voix reconnaissable entre mille, un swing aussi subtil que mélodieux et même quand sa voix est échantillonnée, ça ne dépasse jamais les limites du bon goût. En résumé, c'est un album magnifique. J'ai été chanceux. Bref, mon exploration du jazz a commencé par le jazz vocal. Et elle a bien évolué à partir de là. Mais on n'oublie jamais son premier amour…
Les "Premières galettes" du Z-Band :Jazz Video - Helen Merrill, I'm A Fool To Want You
> My Favorite Things (Coltrane) par Denis Desassis (Maître Chronique) ;
> Bag's Groove (Miles, Monk, Rollins, Bags et les autres) par Ptilou ;
> Three Blind Mice (Art Blakey) par Jazz à Paris ;
> The Genius (Art Tatum) et At The Blackhawk (Monk) par Jazzques ;
> Round About Midnight (Miles) par Belette .
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