vendredi 28 juillet 2006

D.D. Jackson de New York à Taiwan

D.D. Jackson

Serenity Song est le dernier album de D.D. Jackson paru sur l'étiquette Justin Time au mois de juin dernier. Le pianiste d'origine canadienne s'est récemment établi à New York. Il est récipiendaire de plusieurs récompenses, dont six Prix Juno (les Grammys canadiens), Pianiste de Jazz de l'année en 2004 et j'en passe. En tournée en Europe et en Asie (Japon, Corée, Taïwan), il a aussi joué dans plusieurs Festival internationaux. Il s'est également produit à l'Iridium et au Blue Note (voir ce billet) à New York. Il est un participant régulier du David Murray Big Band et a joué auprès de plusieurs des meilleurs musiciens de la Grosse Pomme tel que Chico Freeman, Billy Bang, Dewey Redman ou Jane Bunnett. C'est un grand amateur d'internet et a monté son propre site web: ddjackson.com. C'est un des sites d'artiste les mieux construit que j'ai visité (et j'en ai vu des centaines, croyez-moi!).

Serenity SongTaïwan Moments est une valse qui lui fut inspirée suite à un concert donné à Tapei l'an dernier avec son trio. A l'écoute, c'est comme une douce vague qui me berce. Durant ce concert, Jackson a aussi joué avec le violoniste taïwanais Chi-pin Hsieh. La chanson Chi-pin's Song lui est dédiée. On y retrouve Christian Howes qui alterne entre le violon acoustique et amplifié. La pièce Love Theme from Québécité est la chanson-thème d'un opéra jazz qui fut présenté lors du Festival de Jazz de Guelph en 2003. On retrouve ici Dana Leong au violoncelle. Plus loin, Sam Newsome, saxophone soprano, se joint au groupe sur Three Shades of Mingus. Certains morceaux ont une facture presque classique, tel Etude. Mais partout, on sent toujours la force motrice du piano de Jackson, parfois vigoureux, tel sur Sam He Is, parfois plus doux comme sur Serenity Song. Et toujours, l'ensemble est harmonieux et inventif à la fois.


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mercredi 26 juillet 2006

Hugo Siegmeth et Les Oignons Rouges

Hugo Siegmeth

"Mais vous savez, aucune musique n’est Ma musique.
Elle appartient à tout le monde qui peut la sentir.
Il suffit d’être sous le soleil pour sentir le soleil.
Il en est de même pour la musique."
(Extrait de Sidney Bechet. Treat it Gentle. Une autobiographie.)

Red Onions, Celebrating Sidney Bechet, paru sur l’étiquette Act Music le 14 mai dernier, est un vibrant hommage au célèbre clarinettiste et saxophoniste Sydney Bechet. Ce dernier est né en Nouvelle-Orléans le 14 mai 1897, pour s’établir à Paris vers la fin des années quarante. Son influence fut considérable, alors qu’il composa des standards que tous connaissent, tel que Petite Fleur. Il contribua ainsi à populariser le jazz à travers toute l’Europe. Il s’est éteint à Paris le 14 mai 1959.

Red OnionsHugo Siegmeth est un musicien d’origine roumaine, qui a grandi en Allemagne. Pour cet enregistrement, il a consciemment utilisé le sax ténor plutôt que le sax soprano auquel Sydney Bechet était associé. Il joue aussi de la clarinette et est accompagné de Carsten Daerr au piano, Henning Sieverts à la contrebasse et au violoncelle et Bastain Jütte à la batterie. Une série d’artistes invités complètent le tout aux cordes. Plus qu'un simple album hommage, il s’agit ici d’une véritable version moderne de Bechet. Siegmeth s’éloigne des tempi originaux sur plusieurs pièces et il introduit des sons non conventionnels avec la guitare électrique et le banjo de Geoff Goodman, tel que sur la pièce St. James Infirmary Blues qui prends un aspect un peu mystique. Hugo Siegmeth y va également de quelques compositions de son cru, qui démontrent tout le respect qu’il voue à Bechet.


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lundi 17 juillet 2006

Bang on a Can & Don Byron

Bang on a Can & Don Byron

Photo©2006 Stephanie Berger

Dans la lignée de mon voyage à New-York, voici un projet avant-gardiste: l'album A Ballad for Many avec le groupe multi-genre Bang on a Can All Stars et le clarinettiste Don Byron qui a composé toute la musique et qui collabore sur quelques pièces. Voilà qui a de quoi susciter l'intérêt. Don Byron, originaire de New-York, toujours bien en avance sur son temps, musicalement, s'associe avec le groupe Bang on a Can, pour créer un enregistrement dédié au comique Ernie Kovacs et à l'escadron Tuskegee Airmen de la Seconde Guerre Mondiale. Le premier est un personnage de la télé américaine qui a impressionné Don Byron enfant. Les seconds furent les premiers hommes de race noire à piloter un escadron de l'Armée de l'Air américaine, ce qui interpelle Don Byron qui a une conscience sociale très élevée, ayant grandi dans le Bronx. Bang on a Can était à l'origine un Festival annuel dédié à la musique de performance. Le tout a évolué en un groupe à géométrie variable, qui s'est mis à enregistrer pour finalement posséder sa propre étiquette, Cantaloupe Music, qui fait la promotion d'artistes d'avant-garde.

A Ballad for ManyPour écouter les autres pièces de l'album, cliquez ici. Dans un style qu'on pourrait appeler musique de chambre jazzée minimaliste, on retrouve évidemment Don Byron à la clarinette, avec Robert Black à la contrebasse, David Cossin à la batterie, Lisa Moore au piano, Mark Stewart à la guitare électrique, Wendy Sutter au violoncelle et finalement Evan Ziporyn à la clarinette et clarinette basse. Ce n'est ni purement du jazz, ni purement du classique, ni du rock mais une habile combinaison de genres. J'imagine que sur scène, les musiciens laissent place à l'improvisation propre au jazz. Pour avoir déjà eu le plaisir d'entendre Don Byron au Festival de Jazz de Montréal il y a un an ou deux, ce dernier fait preuve de beaucoup d'énergie et d'inventivité devant public. Il faut toutefois être ouvert aux nouvelles tendances.


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vendredi 14 juillet 2006

Jazz à New York

The Blue Note

De retour de quelques jours de vacances à New York, j'en ai profité pour évaluer la scène jazz. Évidemment, une soirée, c'est bien peu, mais voici tout de même quelques impressions.

IridiumPremier essai à l'Iridium, sur Broadway, à un coin de rue de notre hôtel. Premier choc financier: un frais d'entrée de $40.00 par personne, plus un déboursé minimum de $15 pour le repas. Bien que Les Paul soit certes un excellent guitariste, ce n'est pas exactement ''cutting edge'' comme jazz. Ce n'est pas l'image du jazz à New York que j'avais en tête. On laisse aux touristes. Par conséquent: direction Greenwich Village. À l'arrivée, en sortant de la station de métro West 4th Street, je tombe pile sur le célèbre et mythique Blue Note. Plus raisonnable: Frais d'admission de $5.00 par personne. S'y produisait Ellen O'Brien. Malheureusement, nous arrivons entre deux sets et décidons de poursuivre un peu plus loin notre exploration, mais vous pouvez tout de même écouter Ellen O'Brien ici:

Times SquarePremier stop chez Arturo's, sur West Houston Street, coin Avenue of the Americas. Aucun frais d'entrée, on peut souper (pizza, pâtes), le set débute à l'instant. Seul problème, il y 3 salles, dont 2 sans la vue sur les musiciens. Mais bon, faut bien manger et la musique est correcte. Trio classique, piano, contrebasse, batterie. Un peu mou, manque de vigueur des musiciens, mais la bonne humeur est là.

Dernier arrêt, le Zinc Bar, à deux coins de rue d'Arturo's. Frais d'admission de $5.00 par personne. Ok, ca va. On arrive pour le set de 11h00. Super, sauf que le set en question ne débute qu'à 11h45. Bon, je suis vraiment trop habitué au Festival de Jazz de Montréal, qui est réglé comme un train suisse! Ce soir, le guitariste Ron Affif, un régulier de l'endroit, dont on a comparé le style à Wes Montgomery. Avec le contrebassiste Essiet Okon et malheureusement pas de Jeff Tain Watts en vue à la batterie. Enfin quelqu'un d'inspiré, ce guitariste. Style très coulant. C'est très bien, mais la fatigue accumulée l'emporte et je déclare forfait avant la fin du set. En conclusion, oubliez Broadway, dirigez-vous vers Greenwich Village, mais n'attendez pas la dernière soirée de vos vacances à New-York pour votre virée jazz si vous voulez vraiment l'apprécier!


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vendredi 7 juillet 2006

FIJM 2006 Elisabeth Kontomanou

Elisabeth Kontomanou

Midnight SunJ'ai assisté au spectacle d'Elisabeth Kontomanou hier soir au Club Soda dans le cadre du Festival International de Jazz de Montréal 2006. Il y a longtemps que je voulais vous parler d'Elisabeth Kontomanou, que je considère comme une des grandes chanteuses de jazz du moment. Le spectacle d'hier a totalement comblé mes attentes. Elisabeth Kontomanou pourrait effectivement chanter l'annuaire téléphonique et vous faire pleurer! Cette chanteuse possède non seulement une voix juste et un timbre chaud, elle vit intensément chacune des chansons qu'elle interprète. Sensuelle jusqu'au bout des doigts, elle ne cesse de bouger et de danser sur la scène. Dotée d'une forte personnalité scénique, elle interagit constamment avec son public et n'hésite pas à le faire participer. Elle était accompagnée pour l'occasion du renommé pianiste Jean-Michel Pilc.

Waitin' For SpringElisabeth Kontomanou a interprété la plupart des chansons de ses deux albums parus sur Nocturne, tel Sunny, The Midnight Sun et Fever qu'elle a débuté a capella. Elle a également interprété des standards, dont un très touchant Summertime. Vous reconnaissez une grande artiste lorsque vous êtes remué par une interprétation d'une chanson que vous avez pourtant entendue des centaines de fois. Je souligne aussi la performance magistrale de Jean-Michel Pilc. Il existe entre les deux interprètes une fabuleuse communion artistique. L'intro de Waitin' For Spring, lorsque Jean-Michel Pilc tape directement de la main sur les cordes dans la table du piano était à retenir. Ce concert a été enregistré et sera diffusé ultérieurement à l'émission Jazz d'Espace Musique de Radio-Canada. A surveiller!


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jeudi 6 juillet 2006

FIJM 2006 Joëlle Léandre

Joëlle Léandre Matthew Shipp

Concerto GrossoSpectacle de Joëlle Léandre et Matthew Shipp hier soir au Gésu dans le cadre du Festival International de Jazz de Montréal 2006. Voilà certainement mon concert le plus exigeant en 2006. Chaque année, je découvre un artiste qui m'est inconnu, afin d'élargir mes connaissances jazz. Je dois dire que cette fois, j'ai été servi. Je n'aurais jamais cru possible qu'on puisse tirer de tels sons d'un violoncelle une contrebasse. Joëlle Léandre pratique ce que j'appellerai du ''violoncelle extrême'' de la "contrebasse extrême". Elle le la triture, elle le la bat pour le la faire pleurer, le la faire chanter d'une façon stupéfiante. Je crois même qu'elle est entrée en transe lors d'une pièce solo, alors que j'avais littéralement l'impression qu'elle faisait l'amour à son violoncelle sa contrebasse! Elle en est ressortie toute haletante...

OneBien que voir Joëlle Léandre jouer est très spectaculaire, je m'en voudrais de passer sous silence la performance du pianiste Matthew Shipp. Il n'hésite pas non plus à malmener son piano, usant non seulement des notes du clavier mais aussi des cordes de la table du piano. Son jeu, plutôt léger et délicat, se déchaîne parfois en une explosion d'énergie saccadée. Il faut dire que nous sommes ici dans le jazz d'avant-garde. La performance aurait d'ailleurs très bien convenue au Festival de Musique Actuelle de Victoriaville, en fait.


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mercredi 5 juillet 2006

FIJM 2006 The Bad Plus

The Bad Plus

Lundi soir dernier, j'ai eu le plaisir de voir The Bad Plus au Gésu dans le cadre du Festival International de Jazz de Montréal 2006. WOW! Quel spectacle! On peut dire que les mecs donnent tout un show! Ils portent bien leur titre de Power Trio du jazz. Imaginez un peu: j'étais assis deuxième rangée, centre. J'ai littéralement été soufflé! Il faut dire que David King à la batterie prends beaucoup de place. Il faut bien l'admettre: ce n'est pas Jack Dejohnette. Il joue comme un batteur de rock, avec tout de même une belle inventivité. Avec Ethan Iverson au piano et Reid Anderson à la basse, ce trio est rodé au quart de tour. Il fallait les voir s'arrêter au beau milieu d'une pièce... attendre quelques secondes... et reprendre au simple souffle du pianiste sans même se regarder! Impressionnant. Le groupe a été très généreux en accordant pas moins de trois rappels!

Suspiciuos ActivityThe Bad Plus a interprété des pièces de chacun de leur trois albums, tel que Big Eater de l'album These Are The Vistas, Velouria de l'album Give ou encore Rhinoceros Is My Profession de l'album Suspicious Activity. Plusieurs des compositions jouées sont de Reid Anderson, quelques unes de David King. Ils ont également interprétés de nouvelles chansons et des covers pour lesquels ils sont reconnus mais qui ne figurent pas sur les albums, tel Narc de Interpol et, faut le faire, la pièce This Guy Is In Love With You de Burt Baccarah! Bref, si ce n'est pas le jazz le plus subtil que j'ai entendu cette année au Festival, c'est certainement le plus spectaculaire! En passant, ce n’est pas si souvent que ça se produit avec des groupes de jazz, donc je souligne ici le blogue du groupe. Vous pourrez lire leurs commentaires sur le spectacle de lundi au Festival.


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lundi 3 juillet 2006

FIJM 2006 Donato et ses amis européens

Michel Donato

Mon troisième spectacle en salle du Festival International de Jazz de Montréal 2006 hier soir, avec Michel Donato et ses amis européens, nommément: Piotr Wotjasik à la trompette, Michael Felberbaum à la guitare, François Théberge au saxophone ténor et Carl Jannuska à la batterie. Légère déception face à cette performance que je qualifierais de fort honorable, sans être toutefois enlevante comme je m'y attendais. C'est tout de même la troisième fois que j'assiste à un spectacle de Michel Donato. La première fois, il ya très longtemps, il accompagnait magnifiquement Karen Young, dont je vous ai déjà parlé dans ce billet. Puis en 2003, au Festival International de Jazz de Montréal, il avait joué de façon sublime en trio. Hier soir, par contre, de retour d'une tournée européenne et dans l'Ouest canadien, j'avais l'impression que les musiciens lisaient leur notes. Le seul qui m'a semblé le moindrement inspiré fut le guitariste, qui est vraiment excellent.

Michel Donato et ses Amis Européens

Il faut dire que tous les morceaux joués hier sont des pièces de l'album qui sera enregistré cette semaine à Montréal pour Effendi Records afin de donner suite au succès de l'album Michel Donato et ses Amis Européens. Ces sont toutes des compositions originales des membres du groupe, ce qui est tout à leur honneur. Il est très étrange que, pour un groupe qui joue ensemble depuis si longtemps, je n'ai pas ressenti cette cohésion. La technique est impeccable, mais leur jeu m'a semblé fort cérébral.


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dimanche 2 juillet 2006

FIJM 2006 Belmondo et Yusef Lateef

Yusef Lateef

Mon deuxième spectacle en salle au Festival International de Jazz de Montréal 2006. Cette fois les frères Belmondo, dont je vous ai parlé dans ce billet, étaient accompagnés de Yusef Lateef, grand mystique devant l'éternel. Quel concert sublime! Quelle joie !!! Tout d'abord, les frères Belmondo ont un plaisir de jouer très communicatif. Et ils vouent un énorme respect à ce maître qu'est Yusef Lateef. Accompagnés de leur pianiste, batteur et contrebassiste, ils nous ont fait vivre un moment de pure magie. Stéphane Belmondo est une véritable dynamo, jouant de façon très inventive avec toute une panoplie d'instruments à vent, allant de la trompette jusqu'au coquillage. D'ailleurs, quand Yusef Lateef s'est mis à chanter de façon incantatoire I want to go to the other side, je l'aurais suivi volontiers...

InfluenceL'album Influence, paru chez Bflat Recordings, a été récompensé de 5 Victoires du Jazz avec raison. Il s'agit d'une véritable œuvre, écrite et improvisée à la fois. Yusef Lateef y joue de toute une variété de flûtes, clarinettes et hautbois, tout comme dans le spectacle d'hier soir, pour créer une atmosphère étrange et décalée. Rencontre de haut niveau entre l'Europe et l'Afrique, supportée par des musiciens de haut calibre. Un cadeau, un legs. Respect.


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