vendredi 26 novembre 2010

Claudia Solal Spoonbox – Room Service

Claudia Solal Spoonbox Room Service Jazz

Critique CD

J'aime la poésie, j'en lis trop peu. J'aime le jazz vocal, tous mes lecteurs le savent. J'aime les créateurs qui ont le respect du texte. Je pense à Joni Mitchell, Norma Winstone ou Kurt Elling pour n'en nommer que quelques-uns. Et j'aime les artistes qui osent, qui font avancer la musique. La chanteuse d'origine parisienne Claudia Solal est de cette trempe. Fille du pianiste Martial Solal, formée donc à la tradition, elle mène depuis 10 ans ses expériences, accompagnée de son noyau dur, Benjamin Moussay, aux claviers. Ce dernier formait duo avec elle sur son album Porridge Days, paru en 2005, et dont je vous disais déjà le plus grand bien dans ce billet. Son dernier album est paru en avril dernier sous le sobriquet Claudia Solal Spoonbox et s'intitule Room Service. S'ajoutent à Moussay, Jean-Charles Richard (saxophones), Joe Quitzke (batterie) et Régis Huby (violons).

The sky is low

The sky is low, the clouds are mean,
A travelling flake of snow
Across a barn or through a rut
Debates if it will go.

A narrow wind complains all day
How some one treated him;
Nature, like us, is sometimes caught
Without her diadem.

Emily Dickinson

Claudia Solal, qui compose la plupart des paroles, invente et trifouille des histoires farfelues et éberluées. Comme ce Double Rabbit, hôtel étrange d'où l'on s'éveille de la chambre 46 avec une tête de calmars vivants et une affreuse tétine sur la joue! C'est Alice au Pays des Merveilles, mais revu par un Tim Burton en folie! Et les poèmes d'Emily Dickinson, repris par Solal dans quelques chansons, ne font qu'ajouter à l'atmosphère victorienne et délicieusement angoissante. L'improvisation musicale, résolument avant-gardiste, et puis le ton, toujours un peu décalé de Solal, font de ce Room Service une œuvre éclatée et réjouissante.

Écoutez des extraits musicaux de Room Service de Claudia Solal Spoonbox en cliquant sur le Lecteur MySpace de Claudia Solal

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samedi 20 novembre 2010

Norma Winstone raconte des histoires

Norma Winstone Jazz

Critique CD

Norma Winstone, que l'on qualifie sans ambages de plus grande chanteuse de jazz britannique, nous a offert récemment un nouvel opus sous la direction de Manfred Eicher de l'étiquette ECM, l'album Stories Yet To Tell. Après avoir gagné un Grammy pour son album Distances, une délicieuse rêverie que Jazz Frisson vous présentait dans ce billet, elle est de retour avec un recueil de thèmes qui vont du médiéval au contemporain. La clarinette basse de Klaus Gesing et le piano de Glauco Venier semblent cajoler la voix de la chanteuse, le tout produit et enregistré par Manfred Eicher à Udine en 2009.


Le trio s'abreuve à des références multiples, tantôt s'inspirant d'une chanson de troubadour du XIIIe siècle ou d'une berceuse arménienne, puis interprétant des thèmes de Wayne Shorter puis de Maria Schneider. Mais peu importe la matière, les trois musiciens la transforment, composant eux-mêmes la majeure partie des arrangements tandis que Norma signe la plupart des textes des chansons. Norma Winstone est une musicienne de haut niveau dont l'expression artistique et la vision sont uniques dans le monde parfois stéréotypé du jazz vocal contemporain.


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lundi 8 novembre 2010

Carmen Souza – Protegid

Carmen Souza Jazz

Critique CD

Voici ma portion de vitamines pour combattre la grisaille hivernale qui s'installe doucement chez nous! Le dernier album de Carmen Souza, Protegid, paru l'été dernier sur étiquette Galilelo Music est une boisson énergétique qui mêle les multiples épices africaines et les parfums sensuels du Cap-Vert à la tradition portugaise. La chanteuse Carmen Souza est née à Lisbonne et habite maintenant à Londres. Ses parents sont originaires du Cap Vert et elle chante d'ailleurs en créole, le dialecte des îles, ainsi qu'en portugais. Sur Protegid, Souza crée des liens entre les musiques latine, africaine, arabe et le jazz.

Carmen Souza Protegid Jazz

Le bassiste Théo Pas'Cal est responsable ici de l'enveloppe musicale. La grande richesse de l'instrumentation et les arrangements surprenants font de Protegid une continuelle surprise sonore. La pièce de résistance est sans doute Song for My Father de Horace Silver, lui-même originaire du Cap-Vert, reprise et transformée ici par Souza. Portée par la voix sensuelle de Souza, qui s'accompagne ici au Fender Rhodes, la pièce prend une allure presque mythique. Et après avoir entendu la version de Sodade, murmurée et caressée par Souza, vous ne pourrez sans doute plus jamais écouter l'original de Cesaria de la même façon. Carmen Souza, c'est une pincée de Billie Holiday, un soupçon de Nina Simone et un côté rebelle à la Mina Agossi. Énergisante!


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