
Le monde du jazz est encore aujourd'hui dominé par les hommes, à l'exception bien entendu du chant. Quelques braves musiciennes bousculent cet état de fait et prennent maintenant leur place.
Ainsi, aujourd'hui, la blogosphère francophone s'unit pour vous présenter quelques-unes des grandes actrices du jazz international. Je vous invite donc à voyager de Montréal à Paris, en passant par Bruxelles, au travers de blogues amis et complices qui ont décidé aujourd'hui de se réunir pour vous proposer un tour d'horizon des musiciennes de jazz d'aujourd'hui!
- Jazz à Paris, nous parle de la compositrice-chef d'orchestre Carla Bley.
- Le Ptilou’s Blog nous a concocté un dossier sur la pianiste française Sophia Domancich.
- Maître Chronique nous réserve quant à lui, un dossier sur une des dernières saxophonistes montantes du jazz français, Sophie Alour.
- Belette & Jazz vous parlera de sa vision sur la place des amatrices de jazz au sein de cette communauté jazzistique.
- Jazzques a choisi la merveilleuse pianiste Mathilde Renault.
- Cette initiative est une idée originale de Z de Jazz Chroniques et coups de coeur qui vous présente justement son coup de cœur pour la compositrice-chef d'orchestre Maria Schneider!

Une saxophoniste du pays des tulipes
Jazz Frisson, pour sa part, vous présente aujourd'hui la saxophoniste hollandaise Tineke Postma. Son troisième album, A Journey That Matters, vient tout juste de paraître en Amérique sur étiquette Foreign Media. Ses compagnons de voyage sont parmi les meilleurs musiciens de la scène jazz hollandaise : Edoardo Righini à la guitare, Bart Platteau à la flute, Tobias Klein à la clarinette, Janine Teepen au basson, Morris Kliphuis au cor, Marc Van Roon, Rob Van Bavel et Randal Corsen au piano, Frans Van der Hoeven à la contrebasse et Terri Lyne Carrington à la batterie. Pour ceux qui ne connaîtraient pas cette dernière, elle mériterait un billet à elle seule. Enfant prodige, ayant obtenu une bourse de la Berklee College of Music à l'âge de 11 ans, elle a joué avec Stan Getz, James Moody, Lester Bowie, Pharoah Sanders, Cassandra Wilson, David Sanborn, Mike Stern, Joe Sample, Al Jarreau, Herbie Hancock, Wayne Shorter et Carlos Santana. Bon, j'y reviendrai.

Révélation de l'année 2006

Tineke Postma a remporté le Prix de la Révélation de l'année aux Victoires du jazz 2006, le Prix Sisters In Jazz All Star, le Singer Laren Jazz Award et le Prix Heijmans. L'album A Journey That Matters fut enregistré au Sudios Wisseloord en Hollande. Tineke signe les compositions originales de cet album, à l'exception de trois standards. Sa version de Fleurette Africaine de Duke Ellington s'enjolive de détails grâce aux instruments à anche additionnels et à la guitare acoustique. Le travail de Frans Van der Hoeven à la contrebasse est particulièrement évident sur Magic Two, souligné de façon magistrale par le jeu de balais de Carrington, tout en douceur. Pour ses débuts au ténor sur la pièce Synchronicity, très réussi, Tineke présente un côté plus affirmé, plus masculin. L'influence de Shorter n'est jamais loin, surtout au soprano, bien qu'elle se réclame plutôt de Cannonball Adderly. Sans posséder la spiritualité d'un Cannonball, Tineke sait tout de même faire chanter son instrument pour nous transporter dans son univers généralement très mélodieux. Elle nous livre un jazz mainstream de haut calibre qui demeure toujours intéressant. Une solide réussite qui saura résister au test du temps.

Élève de Liebman et Potter

Sur son album For The Rhythm, paru en janvier 2006, on remarquait déjà son ton scintillant et sa remarquable capacité à swinguer dans un style post-bop bien affirmé. Elle y est encore accompagnée de la remarquable Terri Lyne Carrington à la batterie qui apporte un soutien unique à l'ensemble. Tineke estime que le rythme, le tempo et l'émotion sont au centre de la musique. Cet album a été composé comme une ode au rythme en général. Tineke, qui a étudié à la Manhattan School of Music avec Dave Liebman et Chris Potter, dispose d'une technique solide et prétend qu'elle préfère jouer de manière simple, mais groover un max!

De la Mer du Nord à New York

Son premier album, intitulé First Avenue, fut lancé lors d'une diffusion radio du Festival North Sea Jazz en 2004. Cet enregistrement contient principalement des compositions originales de Tineke. Elle avait eu l'occasion de jouer au Festival North Sea Jazz depuis 2002 ainsi que dans plusieurs clubs de jazz en Europe. Remportant plusieurs critiques favorables, l'album atteint la 19e position au Palmarès Jazzbeat aux É.-U., se retrouvant sur quelques 200 stations de radio. Sa musique fut également programmée à la Radio nationale hollandaise. Il est rafraîchissant, en fait, d'écouter un album de jazz mainstream qui soit à la fois contemporain et respectueux de la tradition. Tineke est une musicienne qui possède une grande élégance, avec un très beau ton, sans qu'on puisse utiliser le qualificatif de smooth pour désigner sa musique, ce qui serait le signe d'un manque d'idées. Écoutez la pièce Moody Voyage, qui débute avec un court solo de Tineke, pour poursuivre sur un groove bien lourd! Très funky!
On termine avec un très beau vidéo.
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Un billet de
Jazz Frisson, votre blogue de jazz francophone.