Hulsmann et Bakken s'éparpillent

Paru début 2003 sur l'étiquette ACT, Scattering Poems a propulsé la jeune chanteuse d'origine norvégienne Rebekka Bakken sur la scène du jazz vocal. L'album s'est hissé en deuxième position du Palmarès Jazz allemand juste derrière Norah Jones! Bakken possède cette qualité de séduction indéniable. La première fois que j'ai entendu Rebekka Bakken, je me suis remémoré l'album Lionheart de Kate Bush. En effet, je retrouve ce même genre de voix diaphane, légère, délicate, sans jamais être banale.

Les chansons sont basées sur des poèmes de E.E. Cummings. Ceux-ci se prêtent tout naturellement à la mélodie, ce que la compositrice Julia Hulsmann a très bien su exploiter. Hulsmann, dont je vous ai déjà parlé dans ce billet, a rencontré Bakken à New-York en 2000. Contrairement à l'album Come Closer avec Anna Lauvergnac, Scattering Poems est plus introspectif. Ainsi, la pièce Anyone est mélancolique. Par contre, Tic Toc est franchement upbeat, presque hip hop comme style. Vraiment intéressant.

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Sara tout simplement

Sur son album "Give Me The Simple Life", paru en mars 2005 sur Dreyfus Records, la chanteuse Sara Lazarus reprends plusieurs grands classiques de Rodgers and Hart, Cole Porter et Eddy Marnay. Son anglais est impeccable, c'est normal, elle est née à Wilmington au Delaware, où elle a appris le jazz dans la American Youth Jazz Band. Ayant débuté comme saxophoniste, elle se tourna éventuellement vers la chanson. Arrivée en France en 1984, elle fut engagée par Illinois Jacket et commença à faire les tournées avec son band.

On la retrouve sur cet album avec, entre autres, Alain Jean-Marie au piano et Bireli Lagrene comme invité spécial à la guitare. Ce dernier l'accompagne en duo sur Smile, une très jolie chanson de Charlie Chaplin. Sara est une chanteuse de jazz dans la grande tradition, très loin des courants populaires si fréquentés de nos jours par une multitude de chanteuses formatées. Vous apprécierez son jeu et son phrasé très précis, qui lui permettent de toujours transmettre l'émotion juste, qu'il s'agisse d'une chanson triste comme He Was Too Good To Me ou enjouée comme Give Me The Simple Life. Elle fut d'ailleurs récipiendaire du Prix Thelonious Monk en 1994.

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Hill remonte la pente

Après une attaque cardiaque en 2004 et un diagnostic de cancer du poumon par la suite, Andrew Hill a décidé de reprendre sa carrière en main. Sur son dernier album Time Lines, il est dans une forme spirituelle splendide et n'a jamais été aussi inspiré. Andrew Hill a toujours été un compositeur prolifique. Il est accompagné ici de Greg Tardy au sax et à la clarinette, Charles Tolliver à la trompette, John Hebert à la contrebasse et Eric McPherson à la batterie, tous vraiment excellents.

Andrew Hill est né à Chicago en 1937 et a commencé à jouer du piano dans les clubs de jazz à l'âge de 13 ans. Il a joué dans les bands de Charlie Parker et Miles Davis. Le style de Hill varie de mélodieux et doux à très percussif et dissonant. Certaines de ses compositions sont de véritables prouesses techniques, qui requièrent des musiciens de haut calibre. La musique de Hill est comme une rose. Bien que bourrée d'épines un peu rébarbatives, vous ne manquerez pas d'être éblouis par la beauté de la fleur qui éclot devant vous. L'album Time Lines marque le retour de Hill au label Blue Note.

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Festival International de Jazz de Montréal 2006

Je viens tout juste de terminer l'achat de mes billets pour les concerts en salle de l'édition 2006 du Festival International de Jazz de Montréal. Globalement, la grille du Festival de cette année est en nette amélioration sur l'année dernière. Bien qu'on retrouve toujours de la "variété", le jazz plus pointu y fait bonne figure. Mes choix, donc, pour cet été:

30 juin: Yannick Rieu et François Bourassa
1 juillet: Yusef Latef & les frères Belmondo (voir ce billet)
2 juillet: Michel Donato et ses amis européens
3 juillet: The Bad Plus
5 juillet: Joëlle Léandre
6 juillet: Élisabeth Kontomanou
8 juillet: Egea Orchestra avec Gabrielle Mirabassi (clarinette)

Je me suis concocté un menu assez diversifié, tout en tentant de me limiter (question de garder un semblant de vie normale pendant la durée du festival...). J'aurais l'occasion d'y revenir.

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Encore du Porridge, svp!

Avec Porridge Days, paru chez Le Chant du Monde, Claudia Solal et Benjamin Moussay nous entraînent dans un univers qui tient à la fois d'Edgar Allan Poe et de Lewis Carroll. Loin du glamour, Claudia Solal s'approprie les standards du jazz (A Foggy Day, Cheek to Cheek) ou improvise sur des poèmes d'Émily Dickinson. On y remarque un belle complicité avec Benjamin Moussay aux claviers, sur dix-huit plages d'une beauté fragile. Un voyage hors des sentiers battus.

"Nature rarer uses yellow
Than another hue
Saves she all of that for sunsets
Prodigal of blue
Spending scarlet like a woman
Yellow she affords
Only scantly and selectly
Like a lover's words.

Nature, Emily Dickinson (1830-1886)

Benjamin Moussay sait créer le climat propice aux expérimentations vocales de Claudia, que ce soit sombre et mystérieux (Rose Bud, Small War) ou joyeux et apaisant (Nature, No One Around). Our Own World est "la seule chanson d'amour certifiée conforme de ce disque. Je n'en écrit plus. Je préfère les fleurs..." nous révèle Claudia Solal. Curry Powder, qui n'est pourtant qu'une simple liste de mots récités, ne vous laissera pas indifférents, en cette ère post 9-11. Et si vous craignez les suraigus, n'écoutez pas Small Joke!

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Au rythme de Claudia

Rhythm of Life de Claudia Acuna est paru en 2002 sur Verve. En écoutant ce magnifique album de jazz latin ce week-end, je me suis replongé dans le souvenir du concert de Claudia au Festival International de Jazz de Montréal en juillet 2005. Je me rappelle comment sa prestation m'avait enchanté, comment elle m'avait charmé de sa voix au timbre chaleureux. Je retrouve un peu de cette atmosphère sur ce disque, qui offre de jolies ballades ainsi que des chansons up tempo qui pourraient enflammer une piste de danse, surtout grâce aux percussions de Luisito Quintero. Il faut savoir que Claudia est d'origine chilienne et n'a déménagé aux États-Unis qu'en 1995. Elle chante donc en anglais et en espagnol.

La chanson Nature Boy débute lentement pour se terminer sur un calypso enflammé qui vous fera taper du pied. Claudia est accompagnée de musiciens de fort calibre tels que Billy Childs au piano, Dave Hollands à la contrebasse et Jeff "Tain" Watts à la batterie. Comme elle habite à New York, la Mecque du jazz en Amérique du Nord, elle dispose des meilleurs musiciens de studio. Tout de même, c'est l'immense talent de Claudia, tout en nuance, qui fait la beauté de cet enregistrement.

Archambault.ca - Claudia Acuna, Rhythm Of Life

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