Au MIDEM (Marché international du disque et de l'édition musicale), Frédéric Mitterrand, le ministre français de la Culture et de la Communication, a relancé la «taxe Google», rapportait Le Figaro ici. «Je souhaite que soit à nouveau envisagée la mise à contribution des grands acteurs de l'Internet», a indiqué le ministre, estimant que ces derniers «sont les débiteurs de ceux qui créent, de ceux qui composent, de ceux qui interprètent et transmettent les œuvres culturelles». «Je n'accepte pas l'idée de notre impuissance à mettre à contribution les revenus vertigineux de la publicité en ligne qui sont réalisés en France par des acteurs opérant souvent à partir de territoires fiscalement attractifs», a-t-il insisté, sans toutefois préciser son plan d'action. Et ainsi, après la coercition avec la récente loi Hadopi qui vise à enrayer le piratage en France, l'industrie de la musique tente maintenant de sauver sa peau en récupérant une partie des immenses profits encaissés par les géants de l'internet! Il est pathétique de constater, encore une fois, comment cette industrie est non seulement incapable de renouveler son modèle d'affaires, mais continue d'utiliser son puissant lobby pour influencer les gouvernements! La logique est d'une simplicité déconcertante. En effet, puisque les innovateurs de l'internet, Google, Facebook et compagnie sont assis sur des montagnes de fric, pourquoi ne pas taxer ces vaches à lait pour renflouer les ventes déclinantes de CDs et masquer ainsi une crasse incompétence. Et voilà! Le tour est joué! Oh! En passant, la « taxe Google » est une recommandation tirée de la mission « Création et internet », présidée par Patrick Zelnik, qui a remis son rapport au ministère de la Culture. Quelle était sa mission? Améliorer l'offre légale de biens culturels sur internet et la rémunération des créateurs. Qui est Patrick Zelnik? Il est le PDG du label "Naive". Quant à la loi Hadopi, ce projet avait été initié par Denis Olivennes, PDG de la Fnac jusqu'en 2008. Deux acteurs liés directement à l'industrie musicale « traditionnelle ». Ça porte à réfléchir, tout de même. À cet effet, le Canada fait figure d’exception. Considéré comme un mouton noir par certains pays comme les États-Unis, berceau des "majors", il fait plutôt figure d’avant-gardiste en ce sens qu’il possède déjà un cadre légal pour la musique copiée à des fins personnelles. Au Canada, la copie privée est légale et ne constitue pas une violation du droit d'auteur. La raison en est que, en contrepartie du droit d'effectuer des copies pour usage privé qui est accordé aux consommateurs, les titulaires des droits d'auteur inhérents aux enregistrements musicaux se voient reconnaître un droit à rémunération sous la forme de redevances pour copie privée. C’est la SCPCP (Société canadienne de perception de la copie privée) qui représente les auteurs-compositeurs, les artistes-interprètes, les éditeurs de musique et les maisons de disques, c'est-à-dire l'ensemble des ayants droit au nom desquels les redevances sont perçues. Mais la redevance n’est plus à jour. Elle ne s’applique qu’aux cassettes audio, aux Mini-Discs et aux CD-R. Les dispositifs de stockage numériques comme les lecteurs MP3 et le iPod n’y sont pas assujettis. Il y aurait certainement lieu d'amender la loi pour refléter l'ère numérique au bénéfice des créateurs. Si vous lisez Jazz Frisson dans un agrégateur de nouvelles et voulez écouter tout le contenu musical que je propose, cliquez ici sur Jazz Frisson. Un billet de Jazz Frisson, votre blogue de jazz francophone. Frisson News
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Le Canada, pionnier ou mouton noir?
mardi 25 janvier 2011
Taxer Google pour sauver les dinosaures
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2 commentaires:
Le hic, c’est que l’économie, l’industrie et le monde artistique ont totalement été dépassés par internet. Là où le bât blesse, c’est qu’ils ont attendu 10 ans pour prendre des mesures. Résultat, avec l’ampleur du phénomène à l’heure actuelle, ils ne sont capables que de réagir à coup de battons, essayant à l’occasion de récolter le moindre centime là où ils le peuvent !
Le problème étant international, on peut quand même comprendre, sans les défendre, et au vu des lois inhérentes à chaque pays, qu’il va bien être difficile de me mettre en place une politique internationale afin de pouvoir agir ensuite sur une refonte de l’économie, qui doit s’adapter avec Internet.
Le téléchargement légal a évolué, Qobuz en est le bel exemple, même si beaucoup de progrès restent à faire. Par contre, la mentalité des nouvelles générations n’a pas quant à elle, évoluée, ne sachant pas ce que c’est que d’acheter un CD ou un DVD, sans compter leur hypocrisie, se donnant sois disant bonne conscience en prétextant que le prix des CD est trop cher. Il y a 20 ans, un disque vinyle coutait déjà plus de 100 francs, soit plus de 15 euros, et personne ne se plaignait du prix…
Bref, on n’est pas sorti de l’auberge cher ami !
@ Z,
Content d'avoir ta visite ici cher ami!
Très juste comme analyse. Car, en réalité, si les médias de masse parlent du téléchargement illégal depuis 2 ou 3 ans, c'est que le phénomène existe en sourdine depuis au moins 10 ans comme tu le mentionne si bien. En fait, à peu près depuis Napster, soit fin 1999 environ.
A mon avis, ce n'est pas une loi comme Hadopi qui pourra inverser les mentalités en 18 mois, surtout chez des jeunes qui n'ont jamais rien connu d'autre comme modèle de consommation de la musique.
Les gens de notre génération avons acheté les vinyles, puis les cassettes, puis les CDs, puis les pièces sur iTunes. Nous sommes d'accord qu'il y a un juste prix à payer pour la musique.
Encore faut-il que l'offre soit attrayante pour être justifiée aux yeux des acheteurs. Il y a ainsi de belles histoires de succès commercial, tel HDTracks qui offre des téléchargements d'albums en haute-résolution, avec le livret en pdf.
Mais il s'agit là d'exception. Au lieu des mettre ses énergies à bonifier ses produits, l'industrie s'entête à s'enliser dans les années 80 et à attaquer tout ce qui bouge.
Ce sont eux qui ne sont pas sorti de l'auberge...
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