dimanche 15 août 2010

Décès la chanteuse Abbey Lincoln

Abbey Lincoln

Frisson News

Le jazz américain a perdu l'une de ses dignes représentantes, la chanteuse Abbey Lincoln. Elle s'est éteinte à New York, à l'âge de 80 ans.

Dans les années 50 et 60, Abbey Lincoln avait enregistré de nombreux disques (voir les vinyles de Abbey dénichés à New York) et tourné dans plusieurs films. Elle avait trouvé un second souffle comme auteur de chansons dans les années 90 (voir ma critique de son disque Abbey sings Abbey). Abbey Lincoln, chanteuse de jazz américaine connue pour son phrasé, son émotion et son style sans concession (voir mon billet au sujet de son dernier spectacle au Festival de Jazz de Montréal), s'est éteinte samedi à New York à l'âge de 80 ans. Sa santé s'était dégradée au cours de l'année écoulée. Sa mort a été confirmée par Carol Friedman, réalisatrice et amie qui tournait un documentaire sur sa vie.

Abbey Lincoln

Dans les années 50 et 60, Abbey Lincoln avait enregistré de nombreux disques et tourné dans plusieurs films, dont «Mon homme» avec Sydney Poitier. Elle avait trouvé un second souffle comme auteur de chansons dans les années 90. Au cours de sa longue carrière, Abbey Lincoln avait collaboré musicalement avec le batteur Max Roach, qu'elle avait épousé en 1962, avant de divorcer. Plus tard, elle devait prendre la tête des charts avec des albums comme «You Gotta Pay the Band», enregistrés avec Stan Getz, et «Devil's Got Your Tongue», dans lequel elle fustigeait certains rappeurs, humoristes ou réalisateurs qu'elle accusait de faire de l'argent sur le dénigrement de la culture noire.

Abbey Lincoln Max Roach

Abbey Lincoln, de son vrai nom Anna Marie Wooldrige, était née en 1930, au sein d'une famille modeste de 12 enfants dans le Michigan rural. Elle avait découvert très tôt la musique, apprenant toute seule à jouer du piano. Adolescente, elle avait travaillé comme employé de maison, avant d'entrer dans le circuit des clubs à Honolulu puis Los Angeles, où elle avait commencé à se produire dans les années 50. Elle s'était fait connaître par sa voix autant que sa beauté, révélant ses formes dans des robes moulantes sur les couvertures de ses premiers albums. Dans «La Blonde et moi», un film de 1956 avec Jayne Mansfield, elle apparaissait dans le même fourreau pailleté que Marylin Monroe dans «Les Hommes préfèrent les blondes».

Abbey Lincoln

Après sa rencontre Max Roach, elle avait tourné le dos à cette image glamour et milité ardemment pour les droits civils. Elle arborait coiffure et tenues afro et avait donné à sa musique un ton plus politique. Fruit de sa collaboration avec Max Roach et Oscar Brown Jr, «We Insist! (Freedom Now Suite)» en 1960 était un plaidoyer contre le racisme. «Ce n'était pas mon rêve d'être une star, alors Max était arrivé au bon moment pour me sauver de moi-même», expliquait-elle dans un entretien à l'Associated Press en 1993. «Sinon je serais devenue alcoolique et malheureuse». Associated Press, New York.

Merci, Abbey, pour le bonheur de ta musique….

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6 commentaires:

Jack a dit...

Merci pour ce beau résumé et le lien avec le spectacle de 2008. J'aurai au moins vu celui de 1991 (FIJM, salle Maisonneuve). J'aime d'amour Abbey Lincoln.

Jean Francois a dit...

@ Jack,

Comme je vous comprends!

Quand j'ai vu Abbey en spectacle en 2008, je n'ai pu m'empêcher de penser que c'était sans doute la dernière fois.

J'en avais le coeur brisé...

Son départ laisse un vide immense et me peine profondément.

Merci de votre commentaire touchant.

ptilou a dit...

Grande dame du jazz ! indéniablement !

Bill Vesée a dit...

M... !
J'avais loupé l'info...
Une grande perte, peu de temps après Max, finalement !

billy a dit...

"Abbey is blue", c'est le titre d'un album vinyle paru chez Riverside en 1959. Sur ce disque, elle est entouré d'une pléiade de géants comme Kenny Dorham, Wynton Kelly et Philly Joe Jones ... entre autres. Il est une référence pour moi et incarne à merveille le talent insolite de cette chanteuse. Un jazz très bleu soutient une voix à l'autorité retenue. Je vous le recommande et je crois qu'on le trouve en format LP chez Crocojazz au Panthéon. Désormais, je ne l'écouterai plus de la même façon.

Cordialement

Billy Glubo

Jean Francois a dit...

@ Billy,

Merci pour pour l'info au sujet de "Abbey is blue". Je ne connaissais pas cet album de la chanteuse.

@ Ptilou et Bill,

Merci de votre visite, chers collègues :)