dimanche 26 juin 2011

Stéphane Belmondo à Montréal

Critique CD

La polyvalence de Stéphane Belmondo ne fait plus de doute. Des collaborations qui l'ont vu successivement croiser la route de personnalités aussi diverses que Dee Dee Bridgewater, Horace Silver, Laurent Cugny, Michel Legrand, le DJ Fred Galliano et, plus récemment, Yusef Lateef et Milton Nascimento. J'ai eu le plaisir déjà d'assister à de telles rencontres, dont j'ai fait état dans un précédent billet ici.

Or, son dernier disque, The Same as it never was before, nous montre cette facette multiforme du trompettiste. Déjà, l'entourage est gage de liberté et d'invention. La présence du pianiste Kirk Lightsey (né en 1937), véritable mémoire vivante du jazz, dont il est impossible de citer toutes les associations tant elles ressembleraient à un Who's Who du jazz moderne. Lightsey est également empreint du son de « Motown », la ville de Detroit qui a vu naître Yusef Lateef (qu'il accompagna à ses débuts) et Stevie Wonder (dont il connaît le répertoire par coeur). Deux références pour Stéphane, qui avec You and I opère une nouvelle reprise au répertoire de Stevie. À la batterie, la réputation de Billy Hart (né en 1940) n'est plus à faire. Le jeune contrebassiste Sylvain Romano complète le quartette.


C'est un espace de liberté qui s'installe ici, très ouvert. Belmondo ajoute les conques marines à la trompette et au bugle. Un jazz ouvert donc, sur l'Afrique, la pop et la soul de Motown. Les touches de free ponctuent le discours par moment, mais Belmondo est un mélodiste du rythme. La propulsion est insistante mais jamais lourde. Son jeu est toujours très lumineux. Je vous recommande fortement The Same as it never was before.

Le Stephane Belmondo Quartet est en spectacle au Festival International de Jazz de Montréal lundi le 27 juin à 22h30. Informations ici. À ne pas manquer!

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lundi 20 juin 2011

Abdullah Ibrahim et le temps dérobé

Abdullah Ibrahim Jazz Afrique du Sud

Critique CD

Pour son édition estivale, notre groupe de blogueurs jazz, le Z Band, a décidé de rendre hommage à la musique du continent africain. Je vous invite donc à visiter les liens vers leur blogue respectif en fin d'article. Pour ma part, je vous propose un portrait du pianiste d'origine sud-africaine Abdullah Ibrahim.

Allons-y avec un peu d'histoire, tiré de Wikipedia. Devenu Abdullah Ibrahim en 1968, Adolph Johannes "Dollar" Brand, est né au Cap le 9 octobre 1934. Au début des années 1960, Dollar Brand forme le groupe The Jazz Epistles. Ensuite, avec Sathima (Bea Benjamin), sa femme, il part en Europe, et à Zurich le destin musical de Brand prend forme : Duke Ellington remarque le pianiste et la chanteuse lors d'un concert et décide de la présenter à Reprise Records. En 1965, il permet au pianiste de jouer au Newport Jazz Festival au sein du Ellington Orchestra. Puis Abdullah joue entre autres en solo au Carnegie Hall et Ellington lui permet d'être réellement célèbre lorsqu'il l'inclut dans son orchestre pour une série de concerts au piano. Par la suite, il fera une grande carrière, jouant et enregistrant avec Elvin Jones, Max Roach, Don Cherry, ou Archie Shepp.

Débutons notre rétrospective avec un très rare enregistrement vinyle de The Jazz Epistles, Verse 1, le tout premier album jazz par un groupe de musiciens noirs en Afrique du Sud. On y retrouve Abdullah Ibrahim (alors Dollar Brand) au piano, Kippie Moeketsi au saxophone alto, Jonas Gwangwa au trombone, Hugh Masekela à la trumpette, Johnny Gertze à la contrebasse, et Early Mabuza ou Makaya Ntshoko à la batterie.



En 1960, le Massacre de Sharpeville marqua le début d'une répression de plus en plus grande de la culture africaine. Le jazz, force musicale qui prône l'égalité sociale ne fit pas exception. Les retransmissions de spectacles sur les ondes radio furent interdites et certains musiciens en vue devinrent la cible des autorités. Lorsque les membres de Jazz Epistles eurent la chance de se produire en Europe pour une revue musicale, ils saisirent l'opportunité. Avec comme résultat que la musique la plus aventureuse de l'Afrique du Sud s'est épanouie en dehors des frontières du continent pendant plusieurs décennies.

Ils nous ont volé le temps, puis ils nous ont donné l'horloge. Abdullah Ibrahim

Ibrahim s'établit alors à Zurich avec son épouse. Il retourne brièvement en Afrique du Sud en 1976, pour finalement s'établir à New-York cette mêne année. Sa production des années 80 reflète ses influences musicales importantes, Duke Ellington, Thelonious Monk et Billy Strayhorn. Ici, la pièce Blue Monk de l'album African Dawn, paru en 1982.



Bien qu'il soit retourné vivre en Afrique du Sud en 1990, Ibrahim partage aujourd'hui son temps entre New-York et son pays natal. Ses dernières compositions de la fin des années 90 et des années 2000 représentent un retour aux traditions africaines indigènes qui s'expriment très clairement dans les arrangements. Un de mes albums préférés de cette période est Cape Town Revisited, enregistré en concert au Spier Estate à Cape Town en décembre 1997. Une merveille d'authenticité, de grâce et de spiritualité. On approche ici du sublime. On y retrouve la trompette fougueuse de Feya Faku sur quelques pièces. Je vous propose ce clip, enregistré à Leverkusen, Allemagne en 2007, tout aussi magnifique. Avec Belden Bullock à la contrebasse et George Gray à la batterie. Du grand art.



Toute la musique d'Abdullah Ibrahim est intimement liée à la lutte pour la défense des peuples sud-africains contre l'apartheid. Nelson Mandela a salué samedi le 11 juin dernier la mémoire de l'héroïne de la lutte anti-apartheid, Albertina Sisulu à l'occassion de ses funérailles dans un stade historique de Soweto. Au cours de sa vie, elle a été dans la ligne de mire des autorités de l'apartheid, emprisonnée à plusieurs reprises et "bannie", une mesure qui limitait ses mouvements et le nombre de ses visiteurs.



"A travers ta générosité et ta dévotion, ton autorité morale et ton humanisme sincère, pendant et après la lutte tu as dignement mérité d'être (appelée) la mère de tous nos peuples", a ajouté Mandela dans son communiqué lu par sa femme Graca Machel.

Partez vers d'autres aventures musicales africaines ici:

Maître Chronique: Coltrane "Africa brass"

Jazzques: Une interview d'Oran Etkin

Mysterio Jazz: Le guitariste malgache D'Gary

Ptilou’s Blog: Ballaké Sissoko & Vincent Ségal

Flux Jazz: Bobby Few "Beautiful Africa"

jazzOcentre: La trilogie Sclavis/Romano/Texier

Jazz Frisson : Abdullah Ibrahim et le temps dérobé

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jeudi 9 juin 2011

Google Doodle en hommage à Les Paul

Google Doodle Les Paul

Frisson News

Aujourd’hui, Google a choisi de rendre hommage au virtuose de la guitare Lester William Polfuss, mieux connu sous le nom Les Paul, à l’occasion du 96ème anniversaire de sa naissance.

J’ai déjà consacré un billet à Les Paul ici. Il est né le 9 juin 1915 à Wisconsin et décédé il y a 2 ans à New York. Il était guitariste et concepteur d’instruments du même nom. Il a joué un rôle remarquable dans le développement des guitares électriques, les techniques d’enregistrement multipiste et divers systèmes d’effets spéciaux. Les guitares Gibson Les Paul, bien connues des musiciens, ont acquis une renommée quasi mythique.


Comme vous l’aurez certainement remarqué, le logo du Google du jour est interactif. Les cordes de guitare de ce doodle dynamique réagissent au passage de la souris sur ces dernières. Vous pouvez même jouer des notes avec le clavier si vous cliquez sur le bouton situé en bas du doodle, à droite, afin qu’il devienne rouge. Il est également possible d’enregistrer. Ingénieux!

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